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Biographie de Denis Derrien
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8 août 2012

Mes Années de collaboration avec Frédéric Rossif de 1965 à 1972

Fred rossif

               1965 Véronique Fregosi  scripte de Frédéric Rossif me propose de remplacer Sejaud l'assistant de Frédéric qui est appelé sur d'autres tournages : finalement je remplace Véronique et Sejaud.

               Les débuts sont durs Frédéric montent ses films chez Antégor (8 rue du Conservatoire Paris 75009) une annexe de prestataire de services et de post - production travaillant pour le Cinéma et la Télévision. Le patron Albert KNOBLER est  l'assistant de Frédéric pour le Cinéma Le temps du ghetto et Mourir à Madrid .

 Albert me prend sous son aile et me guide dans les problèmes  de laboratoire des films en 35 mm il m'accompagnera à Bois-d'Arcy au Centre des Archives où des films allemands, prise de Guerre, ont été stockés dans des blockhaus. Il y a même aussi les films des années 30 avec tous leurs éléments d'exploitation que je ne connais pas et qu'il faut explorer: les Comédies musicales avec Marta Eggert et Jean Kiepura.

               Hélas toutes ces boîtes prennent l'eau de pluie et ne sont pas protégées: le support est  nitrate c'est-à-dire inflammable et intransportable sauf en cas de destruction, à être pris en charge pour être copiés et reproduits par le laboratoire de Bois-d'Arcy. C'est ainsi que je découvre les films Lavande 35, ce sont des films bleutés qui servent d'éléments de tirage comme les Marrons. Ce sont également les éléments de tirage 35 mm les plus économiques et qui servent aussi de négatif. il y a aussi des éléments  comme sons magnétiques négatifs et des bandes magnétiques positives.

               Heureusement les chefs-d'œuvre du cinéma français sont apparemment à l'abri dans d'autres blockhaus et dans des appartements comme le logement de fonction du Directeur de la Cinémathèque Française Monsieur Henri LANGLOIS. Il existe un laboratoire dans le Gard à Redessan  ultraconfidentiel qui conserve également les films de la collection LUMIERE. Le Laboratoire est dirigé par Monsieur et Madame Boyer. En effet le service cinéma de la RTF dirigée par M. Jean-José Marchand m'envoie à Redessan. Je fais donc la connaissance de M. Mme Boyer qui sont les propriétaires de ce laboratoire, ils sauvent et conservent les films de la Cinémathèque Française. Ils me reçoivent avec une affabilité une disponibilité une bonne volonté tout à fait provençale : grâce à eux j'ai en main les boîtes rondes des films Lumière les premiers films du monde. M. Boyer me montre le premier film en 70 mm ayant servi à la projection sous la tour Eiffel lors de l'Exposition Universelle de 1900. Les frères Lumière ont imaginé une projection circulaire avec une douzaine de projecteurs diffusant en même temps un film total: cette projection est vraiment un événement car innovent en même temps des perforations dans ce film en 70 mm, perforations rondes auparavant elles étaient carrées en 35mm et elle le seront pendant près d'1 siècle. Cette innovation se situe à peine cinq ans après l'invention du cinéma lui même (1895)avec le tournage de la sortie des usines Lumière et de l'entrée du train arrivant en gare de la Ciotat.

 Je verrai aussi le premier travelling du monde réalisé à partir d'un bateau remontant les rives du Rhône à Lyon: ces images je les utiliserai plus tard dans l'émission consacrée à Yvette Guilbert pour FR3 en 1974.

A partir des éléments que je rapporte à Frédéric Rossif, il élabore avec Jean Cau le texte des émissions qu'il va consacrer à cette série intitulée Donner à Voir: expression d'un poème de Paul Éluard. Cette série composée des films de la collection Albert Khan. C'est à la Photothèque du musée Albert Khan que Frédéric va compléter sa documentation en rencontrant ka dernière secrétaire d'Albert Khan; le banquier mécène parti de son état de coursier dans une banque devenu directeur de ce même établissement, consacrant son argent à tourner des films dans le monde entier en y envoyant des équipes avec le matériel Lumière et c'est ainsi que nous avons des témoignages uniques sur les grands événements du monde comme le jubilé de la reine Victoria à Londres. La secrétaire d'Albert Khan nous a été révélée par M. Sellam; confident ami d'Albert Khan dont j'ai gardé la longue lettre qu'il m'a adressé après notre rencontre dans son appartement de l'île Saint-Louis où il m'a raconté la vie passionante d'Albert Khan. Mort ruiné; depuis le Krach boursier de 1929 à Paris en 1941.

               La collaboratrice d'Henri Langlois est Madame Mary Meerson, personnage flamboyant, veuve de Lazare Meerson. Nous lui devons les décors du premier film parlant français  Sous les toits de Paris et d'autres chefs-d'œuvre comme Liliom de Fritz Lang ( 1933) et la Kermesse Héroïque de Jacques Feyder tourné en 1935.

 A leurs cotés une dame très maigre sans âge: Marie Epstein. Elle est la  sœur de Jean Epstein, cinéaste de valeur disparu trop jeune. A leurs côtés se tient Madame Lichtig une monteuse très connue venue du Cinéma.

               Quand Frédéric décide d'explorer les archives d'Albert KHAN  pour une évocation des débuts du cinéma il m'envoie voir Langlois. Frédéric Rossif ne m'a pas parlé de sa brouille avec l'équipe Langlois. Je leur demande un rendez-vous qu'ils acceptent. Je les retrouve rue de Courcelles au domicile de'Henri Langlois. Il se plaint du manque de place; sa baignoire est pleine de films, des boites de film 35mm rouillées j'y aperçois la Veuve joyeuse de Ernst Lubitch.  Mary Meerson est une grande femme aux cheveux longs et roux coiffée à la Rita Hayworth des années 1940.

Elle porte souvent une espèce de Pancho géant; sorte de couverture. Elle à les paupières bleues  la bouche maquillée d'un rouge violent avec des airs de  Katia Granoff (célèbre galeriste de la place Beauveau) et aussi de  Sonia Delaunay .

               Avant de me passer le catalogue des films Albert Khan  elle me propose une choucroute qu'elle va commander à la brasserie Lorraine place des Ternes. Je lui dis que j'ai déjà dîné mais avec beaucoup d'amabilité elle me dit qu'elle veut commander une choucroute pour deux et qu'elle va l'entamer avec un grand appétit. Après quelques amabilités perfides sur sa brouille avec Frédéric elle conclue c'est pour cela qu'il vous envoie.

Finalement Henri Langlois et Mary Meerson se révéleront des passionnés des œuvres de Frédéric qu'ls ont connu au contrôle de la cinémathèque française lorsqu'il venait avec le peintre Nicolas de Staël. Joseph Kessel, Niko Papatakis (le patron de la Rose Rouge, ex-mari de Anouk Aimé).

En cette fin d'année 1965 Frédéric aussi achève le montage d'un grand film intitulé La Chute de Berlin il va utiliser pour son tournage à Berlin une nouvelle pellicule 35 mm la tri-X pellicule noir et blanc 35 mm, sensible permettant de tourner de nuit avec très peu de lumière, c'est comme cela qu'il va filmer le célèbre Check-Point Charlie; le seul passage autorisé entre l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest. Les images seront à la fois uniques bouleversantes et feront comprendre la tragédie de cette séparation de l'Allemagne en deux parties après sa défaite. Le film lui-même La Chute de Berlin sera diffusée sur la première chaîne avec un intérêt certain pour cet événement qui décida du sort du Monde.

A cette époque nous partagions avec Philippe Labro au huitième étage de Cognac-Jay, un petit bureau où Véronique Fregosi  ex-assistante de Frédéric, collabore avec Philippe Labro qui lance une émission politique d'actualité Caméra Trois .

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Commentaires
S
Voici un document diabement bien rédigé et qui nous rapelle une époque pleine de bons souvenirs.<br /> <br /> Amicalement :Fernand
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